mercredi 22 août 2012

La Trace

La Trace, Christine Féret-Fleury, Hachette jeunesse, « Black Moon »



Rébecca est une adolescente de 17 ans plutôt mal dans sa peau. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le futur mari de sa cousine américaine – Sarah –, Rébecca était heureuse et les deux cousines étaient très complices. Mais voilà, Rébecca est éperdument amoureuse d’Adrian, le fiancé de Sarah. Et pour couronner le tout, voilà qu’elle est forcée de jouer les demoiselles d’honneur au mariage de sa cousine. Un véritable cauchemar.


Sauf qu’en arrivant à l’église, la belle Sarah fait subitement demi-tour, saute dans sa voiture et entraine dans sa fuite Rébecca et Lavinia, sa grand-mère. Et c’est parti pour un road-trip à travers les États-Unis, sur la route 66 pour fuir le danger que Sarah a guetté. Mais les trois femmes ignorent qu’un serial killer est à leur trousse. Un meurtrier psychopathe qui guette Sarah sans relâche depuis bien longtemps…


Quand j’ai commencé ce court roman, j’ai tout de suite pensé que j’allais l’adorer. Je me suis plongée avec plaisir dans l’histoire, et l’ambiance m’a séduite d’emblée. Mais malheureusement, le vent a vite tourné et au final, je ne garde pas un bon souvenir de cette lecture. Je trouve en effet le tout trop fouillis et un tantinet bâclé. L’auteure a voulu introduire bien trop d’éléments différents dans son livre mais a tout survolé. Il faut dire qu’en seulement 250 pages, il est difficile de mener à bien un thriller, un road-trip, un roman d’apprentissage – si on peut dire – et en plus, d’aborder la sorcellerie à travers les célèbres procès de Salem.

La narration est divisée entre les voix de Rébecca et Sarah, mais à ces voix, s’intercalent également celle du tueur, en italique, une voix de psychopathe qui ne s’en prend qu’aux jeunes femmes, ainsi que celle d’un narrateur externe qui suit les avancées de ce même tueur. Quatre narrateurs différents dans un seul roman, ce n’est pas évident à suivre, et quand le roman en question ne fait que 250 pages, il y a de quoi s’embrouiller !

L’intrigue, en comparaison, est bien simple : un mariage qui tombe à l’eau, une fuite en voiture entre nanas et un meurtrier qui les suit. Mais ça ne pouvait pas rester si simple, vous l’imaginez bien. En effet une touche plus fantastique en référence aux grands procès de Salem est introduite dans le roman. On nous fait alors croire que Sarah est la descendante de la sorcière Sarah, brûlée il y a bien longtemps. Quand ce postulat a été posé, j’ai été ravie. Je me suis dit que c’était vachement sympa et que ça pourrait déboucher sur une chouette histoire. Hélas, ça m’a fait l’effet d’un bide car dès que le road-trip a débuté, cet élément a été complètement laissé de côté. J’ai été appâtée dans les premières pages, j’y ai cru, j’ai tourné les pages avec avidité et envie, et d’un coup plus rien. Toutes ses références ont été piétinées, déchirées et mises à la poubelle. Quelle déception.

Le côté road-trip entre nanas pourrait être assez sympa. C’est magique d’imaginer cette route 66, les villes qui défilent, les paysages fascinants… Mais malheureusement ça ne va pas du tout avec la première partie du roman, et ne nous tient pas spécialement en haleine comme est supposé le faire un thriller.

Quant aux personnages, si la jolie Sarah est assez intéressante, Rébecca est une véritable peste. Elle est immature, capricieuse et j’en passe. Elle est censée avoir 17 ans mais franchement elle semble plutôt en avoir 8. J’ai rarement vu une héroïne aussi antipathique. Alors oui, je veux bien admettre qu’elle sort grandie de cette terrible aventure… mais franchement il était temps ! Le personnage le plus intéressant est sans doute Lavinia, la grand-mère de Sarah. C’est assez rigolo d’avoir deux générations de la famille dans cette voiture qui file à travers les États-Unis car ça donne quelques situations cocasses et rigolotes. Mais ce n’est pas d’une originalité débordante. Bien sûr cette grand-mère cache bien son jeu. Assez distante au début de l’aventure, elle devient de plus en plus attachante et sa petite-fille découvre enfin qui elle est vraiment. Touchant ? Mouais bof, on repassera !

Le dénouement aurait pu être scotchant, mais une fois encore, l’effet escompté tombe à l’eau car la confrontation Sarah/tueur dure 2 minutes chrono et tout se règle en quelques lignes. Rappelons quand même qu’il s’agit d’un thriller et que la tension devrait être à son comble…
Quant à la toute fin, je l’ai trouvée gnagnan – et Dieu sait que d’habitude ça ne me fait pas peur. Les trois femmes ont toutes appris quelque chose de cette aventure. Rébecca est moins capricieuse (enfin !), Sarah, bien que perturbée par les événements tragiques (d’ailleurs sans vouloir spoiler, je trouve qu’elle se remet vachement facilement de ce qui lui est arrivé, mais admettons) a pris de l’assurance et sait ce qu’elle veut, et Lavinia, qui profitait de la fuite de sa petite-fille pour retrouver son amour de jeunesse (c’est tordu, hein ?) a fait la paix avec elle-même. Tout rentre dans l’ordre quoi !

J’avoue être assez furieuse par ce livre au final. Au début j’ai vraiment cru à un coup de cœur tant j’aimais l’ambiance et la référence à Salem. Mais je suis bien vite tombée de mon nuage, malheureusement. Selon moi, l’auteur s’est perdue et s’est laissée attraper par son univers. Elle a voulu y mettre trop d’éléments qui n’ont pas pu être bien exploités. J’aurai pu comprendre l’enthousiasme et l’excitation d’un jeune auteur qui voit son premier roman enfin publié et qui veut y mettre tout ce qui lui tient à cœur. Mais ce n’est pas le cas ici car Christine Féret-Fleury a écrit de nombreux romans.
Je salue tout de même l’écriture qui est vraiment très, très belle et qui rend très agréable la lecture. Malgré ma déception, j’ai tourné les pages à une vitesse folle et j’ai apprécié découvrir le style de l’auteure. C’est vraiment très bien écrit.

ELLE

2 commentaires:

  1. Ooooohhhhh ! :D J'adore le concept du blog : Un blog à deux voix, sur deux littératures différentes et du genre opposé :D Super idée !

    A part ça, ta (pour ELLE) critique de La Trace est très intéressante, et je suis ton avis pour la majorité des arguments et surtout sur le fait que tout est baclé... Dommage

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  2. Merci pour ton appréciation Lena. Ça fait super plaisir à lire :-) Me voilà toute chose à présent !!!

    J'ai lu ta chronique pour La Trace. Je suis également d'accord avec toi : ça ne fait pas du tout du Black Moon. Et même moi qui aime les thrillers, je trouve que la tension est malgré tout assez légère. Et comme tu dis, l'écriture de l'auteure est belle.

    A bientôt
    :-)
    ELLE

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On vous remercie pour votre bafouille !